Premiers étudiants.es en emploi

A la création de l’ESCEA, comme son intitulé le stipulait, on parlait d’une école de cadres. Les objectifs de l’école montraient clairement qu’il s’agissait de donner aux meilleurs élèves d’une école professionnelle commerciale ou d’une école de commerce le bagage adéquat pour occuper des fonctions supérieures dans l’économie ou l’administration.

Le concept de base était différent de celui des HEG actuelles dans la mesure où la maturité fédérale n’était pas exigée à l’entrée ; en revanche, il fallait obligatoirement avoir au minimum 2 ans de pratique professionnelle dans une fonction commerciale (la majorité des étudiants.es en avait nettement plus). Le profil des candidats.es à l’entrée était, par la force des choses, très différent et créait une dynamique de groupe particulièrement intéressante.

La pratique professionnelle avant l’entrée était un atout certain dans la compréhension des branches économiques … et il y avait ainsi des choses qui allaient de soi.

Pour la plupart des étudiants.es, le handicap principal se situait au niveau des mathématiques et/ou des langues, ce qui n’était pas sans avoir parfois, à partir d’un certain stade de formation, des conséquences sur les branches économiques.

J’aimerais ici encore rappeler que l’ESCEA de Lausanne, de 1980 à 1984, offrait uniquement une formation en emploi. La loi fédérale exigeait que les étudiants.es aient une activité professionnelle d’au moins 32 heures par semaine; les cours avaient lieu 1 jour complet (en accord avec l’employeur), 1 soir jusqu’à 22 h 00 et le samedi matin jusqu’à 13 h 00.
Quand je parle d’accord avec l’employeur cela peut signifier des ententes très différentes; au mieux, l’employeur offrait la journée de travail (la plupart du temps contre un engagement de rester dans l’entreprise quelques années après l’obtention du diplôme) ou l’étudiant avait une réduction de salaire proportionnelle au temps manqué … et dans le pire des cas, il devait rattraper les heures d’absence sur les autres jours de la semaine ou pendant les vacances scolaires.

Réussir des études supérieures dans de telles conditions était déjà une preuve de volonté et de caractère. Ce n’est donc pas étonnant que les Economistes d’entreprise ESCEA trouvaient rapidement un emploi en relation avec leur formation.

Ce qui est certain, c’est que je garderai un souvenir particulier des diplômés.es des premières volées en emploi qui souvent ont atteint leur objectif avec beaucoup d’abnégation et de sacrifices.